Depuis la mi-novembre, le peuple guadeloupéen s’est levé pour dénoncer l’obligation vaccinale pour les pompiers et les soignants contre la pandémie de Covid-19. Très vite rejoint par La Martinique, ces protestations se sont avérées bien plus profondes qu’ils ne paraissaient.
Des revendications anciennes pour la Guadeloupe
L’obligation vaccinale et la mise en place du pass sanitaire sur le territoire Guadeloupéen ont été les précurseurs d’un vent de contestations. Des rancœurs tenaces tant elles ont marqué la vie des habitants de l’île.
Il est difficile d’imaginer qu’un département de la cinquième puissance mondiale puisse manquer d’eau, n’est-ce pas ? Pourtant c’est le cas. L’île des Caraïbes doit faire face à un fléau depuis plus de trente ans et ce sont les chiffres qui le prouvent. En 2018, l’Office de l’Eau de Guadeloupe révèle que 78,3 millions de mètres cube d’eau potable ont été distribués. Le souci ? Uniquement 30,5 millions ont été consommés par la population. À la source de ce problème, des canalisations vétustes. Des travaux sont nécessaires mais jugés trop chers par les élus, de ce fait la situation est laissée à l’abandon.
🔴 Les raisons de la colère : l’eau en 2021 en #Guadeloupe
Quand ce ne sont pas les coupures d’eau, les écoles fermées faute d’eau, les factures excessives, ce sont les eaux usées au robinet ! La première des politiques de santé, la première des dignités, c’est le droit à l’eau! pic.twitter.com/zmTAaEjsFA
— Mathilde Panot (@MathildePanot) November 27, 2021
S’ajoute à cela, un scandale d’état datant de près de 50 ans. L’affaire du chlordécone laisse toujours des traces dans le quotidien des guadeloupéens. Il s’agit d’un pesticide cancérogène utilisé à partir des années 1970 afin de combattre le charançon du bananier en Guadeloupe et en Martinique.
Oui, la Commission des toxiques française refuse son utilisation à maintes reprises en 1968. Oui, il y avait d’autres solutions. Oui, l’utilisation du chlordécone est le fruit d’un réel choix.
Malgré tout cela, la France légalise le produit pendant près de 20 ans soit de 1972 à 1990. Peut-être n’avaient-ils pas pensé aux conséquences futures ? Pourtant elles sont bien présentes. C’est en moyenne 9 antillais sur 10 qui sont empoissonnés au chlordécone. 50% des terres connaissent le même sort. La Martinique connaît les plus hauts taux de cancers de la prostate au monde.
Une protestation commune : les prix
Ce qui ressort déjà de ce mouvement d’opposition c’est la crise du pouvoir d’achat qui frappe les départements d’outre-mer. L’écart des prix entre ces derniers et la France métropolitaine est presque inimaginable. Un écart que les politiques devraient prendre en considération puisque le niveau de vie est beaucoup plus bas que dans l’Hexagone.
Une différence de prix que l’on pourrait expliquer par les coûts d’importations. « Ils n’ont qu’à produire sur place » bien vu Sherlock, personne n’y avait pensé. Trêve de plaisanterie… Prenons le cas de l’Île de La Réunion, où l’entreprise Danone est implantée et permet ainsi la production sur place de produits laitiers. Malgré cela, arrivés en magasins, les prix sont tout aussi élevés.
Je vous présente 19€94 de courses à #Carrefour en #Martinique pic.twitter.com/wxUVV9n1zR
— Petit Coeur Solide 👑💛 (@WayouYouYou) November 28, 2021
Ce qui est d’autant plus frappant c’est le taux de chômage dans les outre-mer, presque deux fois plus élevé que la Métropole.
Ainsi se pose la question de la considération du gouvernement français face à ses DOM-TOM. Comment accepter cet abandon quand certains n’ont pas accès à l’eau potable ? Comment faire face à un taux de chômage trop élevé quand des métropolitains sont favorisés sur le marché de l’emploi au détriment des locaux ? Comment ne pas se demander si ces départements d’outre-mer ne soient pas considérés uniquement comme un atout touristique à la France, sans prendre en compte ses problèmes sociologiques et économiques.
À l’approche des élections présidentielles il semble judicieux de se poser ces questions et d’accorder un peu plus d’importance aux DOM-TOM…