Jeudi 27 février avait lieu la 8ème édition des Rencontres Infocom de Toulouse sur le site de Ponsan de l’IUT Paul Sabatier. L’après-midi s’est composé de tables rondes et conférences avec pour intervenants des influenceurs.euses, enseignants.es chercheurs.euses et personnes du domaine de la communication.
Et pour commencer ces rencontres portées sur le thème des influenceurs, quoi de mieux que de faire le point sur ce métier mis en avant avec les réseaux sociaux ? Pendant 1h30 Robert Boure (enseignant chercheur en Sciences de l’Information et de la communication), Anouk Deque (directrice d’agence de communication), Mohamed Mansouri (directeur délégué de l’ARPP), Sindy (influenceuse) et Franck Menigou (influenceur) ont échangé sur les problématiques liées au métier d’influenceur.
Qu’est-ce qu’un influenceur, et à partir de quand peut-on s’appeler ainsi ?
Si pour Launchmetrics, entreprise définissant la valeur des influenceurs, est influenceuse toute personne ayant au moins 20 000 abonnés, la définition semble moins portée sur l’aspect quantitatif pour nos invités. Pour Franck Menigou, l’influence commence à partir du moment où on permet à une personne d’agir ou de faire un choix. Il complète en expliquant qu’avoir une communauté et un certain nombre d’abonnés ne suffit pas à être influent. Ce qui est nécessaire, c’est avoir du crédit par rapport à ce qu’on raconte.
Mais, comme Anouk Deque, Mohamed Mansouri et Robert Boure le soulignent, le métier d’influenceur n’est pas tout jeune. Il vient de l’agora grecque, des politiciens et des philosophes. L’influence est présente partout : dans les relations presses, dans la politique (avec les relations publiques et le lobbying) ou encore dans les relations interpersonnelles.
Un influenceur, c’est une personne qui permet de découvrir des choses et guide sa communauté. Cette idée remonte aux années 1950 avec l’étude de Katz, sociologue américain, sur les leaders d’opinions (ou Key Opinion Leader de nos jours). Cette étude met en évidence que les KOL ont plus d’influence sur les individus que les médias, car il est plus facile de faire confiance et accorder de la crédibilité aux propos d’autres personnes. De plus, ces leaders n’ont pas conscience de leur titre car ils répondent simplement aux attentes d’une communauté et permettent aux autres de formuler leurs opinions. Cette réflexion fait écho aux propos de Sindy sur la question : « Je ne me considère pas spécialement comme influenceuse… même influente ça me gêne. Je fais mes petits trucs et si vous avez envie de regarder, c’est bien ! ».
Influenceur.euse, métier ou bénévolat ?
Pour nos intervenants, tout dépend de la façon dont on définit un métier. Est-ce une action qui mérite un salaire ? Est-ce à partir du moment où l’activité occupe le plus clair de notre temps ? Ou est-ce une activité qui nous permet de vivre au niveau de vie que nous souhaitons ?
Pour considérer cette activité comme un métier, il est important de prendre en compte plusieurs facteurs : ce qu’on attend de celle-ci, ce qu’on est prêt à donner et les compétences qui sont requises pour exercer le métier d’influenceur.euse. En effet, malgré les apparences, être influenceur.euse nécessite d’avoir plusieurs cordes à son arc. Il faut avoir des connaissances juridiques (ne serait-ce que pour le droit à l’image et le droit de la propriété intellectuelle), commerciales et comptables. À côté de cela, il faut avoir des capacités en storytelling, savoir gérer la pression et les critiques, voire le harcèlement, et, enfin, pouvoir produire du contenu authentique et qualitatif.
Avec l’essor de la communication digitale, des réseaux sociaux et la libération de la parole des individus, les influenceurs ont encore de beaux jours devant eux. En effet, une étude de l’agence américaine de marketing Mediakix, mise à jour en 2018, estime que le marché des influenceurs pourrait atteindre les 10 milliards de dollars d’ici 2020.
Si ce secteur d’activité représente une telle source de revenu, il y a de fortes chances qu’on commence à se pencher davantage sur le sujet. Que ce soit pour rendre cette activité plus professionnelle avec des formations dédiées aux métiers de l’influence ou pour lui donner un cadre légal. Le premier pas a d’ailleurs été fait le 12 février 2020 lorsque l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à clarifier le statut des enfants créateurs de contenu.