10 millions d’euros ont été débloqués fin mars dans l’objectif d’aider les étudiants précaires en situation d’isolement. À Toulouse, sur les 10 000 étudiants habituellement locataires, 3 200 étudiants sont confinés seuls dans les résidences du Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires (ou CROUS) et depuis le 20 mars, ce dernier vient en aide à ces étudiants isolés, en leur fournissant des colis alimentaires. Les étudiants se retrouvent en effet privés de leurs jobs et même si les boursiers du CROUS touchent encore les bourses mensuelles, les fins de mois sont difficiles, sans compter sur les nombreuses contraintes sanitaires et les risques pris lorsqu’il faut sortir faire les courses. Le CROUS de Toulouse a donc fait le choix de mettre en place un dispositif visant à distribuer gratuitement des colis alimentaires aux étudiants locataires restés sur place.
Les conditions ne sont pas idéales, outre la solitude, la plupart vivent dans des endroits exiguës, allant du 9 au 30m2 avec cuisine commune pour certains. Contactés d’abord par mail pour leur indiquer l’heure et le lieu de réception du colis, ils ont pu récupérer leurs denrées alimentaires en toute sécurité. Organisés en partenariat avec la Banque alimentaire, les colis disposent de plats complets pour veiller à la bonne alimentation des étudiants.
Depuis le 20 mars, deux distributions ont déjà eu lieu. Pour les étudiants qui n’ont pas eu l’occasion de récupérer leurs colis, neufs prochaines distributions sont prévues. Les règles du confinement sont une fois de plus respectées et appliquées avec rigueur: les étudiants doivent se munir d’un sac, d’un masque et respecter les distances de sécurité pour pouvoir récupérer leur colis.
Anais GABA, étudiante en première année de DUT Information-Communication et locataire dans une résidence CROUS, se livre sur son confinement. Elle fait partie des 3 200 étudiants restés sur place en cette période difficile.
« Comment le confinement se passe pour toi ? As-tu rencontré des difficultés ? »
A.G : Ça a été super dur les deux premiers jours. Je me suis demandé ce que j’allais faire, comment j’allais m’occuper. J’ai compris que j’allais vraiment être toute seule, d’autant plus que je n’avais pas vu mes parents depuis début janvier. Mais au final, avec tout le travail à faire donné par l’IUT, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. J’en ai profité pour me lancer et faire du sport tous les jours.
En plus de cela, je travaille au Carrefour de Labège, trois à quatre fois par semaine, ça me permet de m’évader, de sortir et de voir du monde. Maintenant, mon état d’esprit est plutôt positif, je me suis dit que c’était une situation qui devait arriver et au final, ça me permet aussi de me recentrer sur moi-même et de me focaliser sur les choses importantes.
« Quel est ton avis sur le prolongement du confinement ? »
A.G : Ça ne m’inquiète pas plus que ça. Je me suis psychologiquement préparée à être toute seule pour un bon petit moment. Ce qui m’embête plus, c’est de me dire que je vais peut-être passer mon anniversaire seule et ça ne m’est jamais arrivé. Psychologiquement ça va bien, j’essaye de m’occuper au maximum et j’ai pris l’habitude d’être toute seule. S’il faut que ça se prolonge, ça se prolongera. Après, j’aimerais bien rentrer chez moi également.
« Est-ce que tu as entendu parler des aides du CROUS pour les étudiants isolés ? »
A.G : Oui, j’ai reçu un mail pour une distribution lundi dernier, mais je travaillais à ce moment-là et je ne pouvais pas aller le récupérer. Mais j’ai bien reçu des mails concernant les mesures éventuelles pour les étudiants et les résidents du CROUS.
« Quelles sont les conditions pour en bénéficier ? Est ce que tu rentres dans ces conditions ? »
A.G : C’est réservé aux étudiants locataires des résidences du CROUS. Je suis donc éligible aux aides du CROUS sans problème.
« Au sein de ta résidence, est-ce que tu as des règles à respecter concernant le confinement ? »
A.G : Notre accueil est fermé, donc la communication se fait uniquement par mail. Concernant le courrier, c’est vraiment la galère, car ils gèrent tous les courriers. J’ai envie de commander et je dois aussi recevoir des papiers venant de mon travail, mais ma résidence ne gère plus le courrier. Après, on nous préconise de faire le ménage, d’aérer et je vois aussi un agent de sécurité qui fait des tours de la résidence.
« Qu’est-ce que tu penses des aides du CROUS sur la situation ? »
A.G : Je pense que tous gestes qu’on peut faire, toute action qu’on peut faire en faveur des personnels soignant, des étudiants, sont des actions qui vont montrer la solidarité de chacun. Cela montre qu’on ne nous oublie pas, c’est une situation difficile pour tout le monde et c’est un geste de soutien qui compte.