“C’est dur d’avoir 20 ans en 2020”. Oui, c’est très dur d’avoir 20 ans en 2020. De renoncer à ses années de vie étudiante, d’insouciance, riches en expériences et leçons de vie. S’il y a une chose que l’on retient cependant des deux confinements en France, c’est que les étudiants sont loin d’être la priorité de l’État.
Sous couvert de nous verser 150 € à l’annonce du reconfinement, les dirigeants sont persuadés de nous faire avaler la pilule définitivement. Si ce versement n’est ni un moyen d’oublier cette difficile année scolaire à distance, ni une façon de fermer les yeux face à la précarité étudiante qui monte en flèche (pour rappel, plus de 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté en France), c’est surtout un goût amer qu’il nous reste dans la bouche. Une amertume partagée que l’on ait 20, 30, 40, 50 ans, ou plus.
Pourquoi avons-nous le droit de faire du shopping, de prendre le métro aux heures de pointe mais pas celui de retourner sur les bancs de l’université ?
Sommes-nous coupables, en quelque sorte, de la situation actuelle ? Le coronavirus serait-il plus contagieux au sein des locaux d’une université ? Peu probable.
Et pourtant, cette année 2020, bien que douloureuse, a été, en quelque sorte, révélatrice. Loin de notre génération l’idée de se présenter en tant que victimes, si cette crise a fait des ravages sur notre génération, elle a aussi engendré de très forts engagements, plus que jamais.
La jeune génération, cette génération Y à qui rien ne résiste, qui dénonce activement et publiquement tous les tabous de notre société : viol, harcèlement, inégalité des chances, racisme…Une génération Y qui s’unit donc pour construire, ensemble, un futur plus brillant que celui qu’on nous promet.
Et cela, dès maintenant, afin de faire face aux enjeux gigantesques qui nous attendent déjà : effondrement de notre société, réchauffement climatique…
Lors d’une journée conférence donnée par le Cercle des Economistes à Toulouse, le 10 décembre dernier, plusieurs étudiants sont venus témoigner de leur engagement autour du thème “Comment éviter une génération sacrifiée?”.
Parmi eux, Alicia Ambroise, présidente de l’association “Les Piafs de la rue” (qui vient en aide aux sans-abris par l’intermédiaire de Maraudes notamment). C’est elle qui a fièrement déclaré : “À toute situation inconnue, c’est l’opportunité de créer quelque chose de nouveau, de créer le monde de demain”, dit-elle. Une situation qu’elle reconnaît d’ailleurs comme particulièrement désastreuse.
Et pourtant. On a rarement vu autant d’initiatives de la jeune génération voir le jour en si peu de temps. Une tribune sur Ouest France l’annonçait le 14 décembre dernier : “Ni victime, ni coupable, la jeunesse de 2020 est engagée”.
Signée par plus de soixante jeunes entrepreneurs, journalistes, créateurs d’associations, de médias, engagés pour l’environnement…cette tribune est la preuve définitive que cette crise n’a fait que renforcer l’envie de faire bouger les choses chez la jeune génération. Une tribune inspirante qui parle d’une seule et même voix au nom de tous ces jeunes, qui affirme fièrement “nous sommes chaque jour de plus en plus nombreuses et nombreux à nous engager en parallèle de nos études ou nos jobs, voire même à faire de nos choix professionnels un vrai levier de transformation de la société”.
Une génération qui ose, et n’a pas froid aux yeux. Une génération qui lutte, avance et fait en sorte de faire bouger les choses, à son échelle, en espérant (et en travaillant) pour qu’un jour, ce soit le cas à plus grande échelle.
Les idées, nous les avons. Nous ne sommes pas là à attendre indéfiniment que les opportunités viennent frapper à notre porte, non.
Nous entreprenons, créons, sculptons le monde de demain. Il suffirait simplement d’un soutien infime pour que toutes ces initiatives naissantes ou encore au stade d’embryon, soient nourries, coachées, financées, pour pouvoir, bientôt, voir le jour. « Loin d’attendre les bras croisés que nos vœux se réalisent, soyez assurés que nous avons déjà commencé à travailler… mais qu’un coup de pouce est toujours le bienvenu. », comme écrit dans la tribune.