Vous avez dit « femmes » ?

Olympe de Gouges, Lucy Stone, Simone Veil, Malala, Gisèle Halimi…Des femmes qui se sont battues ou poursuivent encore le combat contre l’inégalité des sexes, pour une égalité des chances.

A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, j’ai recueilli le témoignage de trois femmes (Mauricette, Jordane et Celil*) et un homme (Benoit) de générations et de cultures différentes pour apporter un éclairage sur cette journée du 8 mars. Entre opinions et expériences vécues, leurs visions illustrent un sujet toujours d’actualité : L’égalité des sexes depuis ces cinquante dernières années.

Quand on vous dit « droits des femmes », vous pensez à quoi ?

Pour Celil, jeune femme turque, les droits des femmes sont des droits humains avant tout. « Le fait qu’il existe un terme « droits des femmes » souligne l’inégalité des sexes et la société patriarcale » dans laquelle elle vit, par exemple, dans son pays.  Par ailleurs, le pays au drapeau rouge et blanc s’est récemment retiré de la convention d’Istanbul de 2011, qui réprimait les violences subies par les femmes. Une nouvelle dévastatrice compromettant la protection de la gent féminine…

Benoit qui débute dans la vie active, pense instinctivement à « la recherche d’égalité salariale entre les hommes et les femmes, aux moyens de contraception et au droit de vote, en France ».

Icône moderne du féminisme, c’est à Simone de Beauvoir que Jordane se réfère pour parler des droits des femmes. Fondatrice de la Ligue du Droit des Femmes en 1974, l’auteure du Deuxième sexe s’engage dans la lutte contre les violences perpétrées et subies par les femmes.

Pensez-vous que l’égalité entre les femmes et les hommes a progressé dans le monde depuis ces dernières années ? Avez-vous l’impression que les gens se sentent plus concernés ?

Face à cette interrogation, les avis sont unanimes :

Ma grand-mère, Mauricette, témoigne de sa jeunesse en tant que lycéenne, étudiante et femme avant tout. Bercée par des inégalités professionnelles et financières, la loi de 1965 autorisant les femmes à ouvrir leur propre compte bancaire lui provoque une satisfaction immense : « Je suis entrée dans le monde du travail en 1966 et j’ai pu bénéficier de cette loi, c’était pour nous une émancipation financière importante. Cela n’a pas de prix ! ». Un prix souvent oublié à cette époque, et notamment lors des évènements de mai 1968 avec la naissance du Mouvement de Libération des Femmes. Durant les manifestations étudiantes, les hommes « portaient la parole en public ». Oui. Celle des femmes. « Voilà, c’était ça d’avoir 20 ans en 1968 ».

 Aujourd’hui, la reconnaissance des droits de la femme s’affirme davantage grâce à l’essor des moyens de communication numériques. « Les réseaux sociaux sont un véritable outil d’émancipation » soutient mon amie turque.  « Les gens sont de plus en plus concernés [par les femmes et leurs droits] grâce aux réseaux sociaux », évoque Benoit. Les femmes font alors entendre leurs droits sur internet. Il ajoute : « En tant qu’hommes, nous en entendons régulièrement parler sur les réseaux sociaux et nous nous sentons touchés par le sujet ». Naissant dans cette époque moderne, internet représente alors un espoir de cyber-féminisme, de cyber-militantisme.

Cette année, la Journée Internationale des Droits de la Femme officialisée par les Nations Unies s’inscrit sous le thème : « L’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable ». Comment envisagez-vous la place de la femme dans le futur ?

Un questionnement qui interpelle, et pourtant une réponse bien définie : la méfiance prend le dessus sur la confiance…

Sceptiques face aux comportements misogynes encore trop présents dans la société, Jordane et l’étudiante turque espèrent toutefois « un futur meilleur et plus sûr pour les femmes ». Sur le plan professionnel, l’égalité est réclamée : Comme les hommes, « elles méritent des grandes carrières car pendant longtemps la société leur faisait croire que leur seule mission était d’être fertile pour avoir de la valeur », atteste Jordane.

Mauricette se montre aussi vigilante : « A 75 ans, je garde mon pouvoir d’agir pour le futur de mes enfants et petits-enfants. Depuis plus de cinquante ans, j’apporte mon soutien au combat mené par ma génération pour l’égalité des sexes. Pourtant, je pense que la femme devra toujours se battre pour le respect de sa place dans la nouvelle société. »

Entre crainte et affirmation, asservissement et libération, la figure féminine et le respect de ses droits demeurent un sujet d’actualité aux enjeux sociétaux. « Le féminisme est un humanisme structurant » proclamait Christiane Taubira. Il constitue finalement un moyen de lutte contre les inégalités des sexes, oui, mais également contre toute forme de discriminations raciales, différenciations liées aux orientations sexuelles ou encore religieuses.

A l’occasion de la célébration de ce 8 mars 2022, je vous incite à visionner cette vidéo retraçant en quelques minutes la vie de Simone de Beauvoir. Par ailleurs, si vous êtes curieux quant à la lutte des classes et la condition de la femme, je vous conseille de lire La cause des femmes de Gisèle Halimi, disponible également en podcast ! Dans cet ouvrage, elle retrace son enfance, ses difficultés à étudier, ses études en France, et sa lutte quotidienne pour s’affirmer en tant qu’avocate dans une profession masculine.

*(prénom modifié afin de préserver l’anonymat)

Source de l’illustration : Burcu Köleli pour ONU Femmes (2022).

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