L’effet Matilda, quand les femmes passent aux oubliettes

Au cours des années 1960, Robert Merton met au point une théorie selon laquelle la reconnaissance autour d’une invention ne se concentre uniquement que sur une seule personne alors que celle-ci a travaillé avec d’autres collaborateurs. Ce sociologue américain appelle cette théorie « l’effet Matthieu ». Deux décennies plus tard, l’historienne des sciences Margaret W. Rossiter reprend la même théorie mais y ajoute un élément clé : le phénomène est amplifié lorsqu’il s’agit de femmes.

Margaret W. Rossiter, ©Cairn

Les faits sont là : les femmes qui sont à l’origine de découvertes scientifiques ont été oubliées volontairement, afin de laisser la vedette aux hommes. Les plus chanceuses d’entre elles apparaissent sur la page des remerciements tandis que d’autres sont carrément reniées.

En réalité, les prémices de cette théorie ont été établies au cours des années 1850 par Matilda J. Gage, qui a démontré l’appropriation par des hommes du travail façonné par des femmes. C’est pourquoi, Margaret W. Rossiter a décidé de nommer ce phénomène sous le nom de « Matilda ».

Et si seulement cela s’arrêtait là ! L’effet Matilda s’applique également pour les découvertes communes où le seul nom retenu est généralement celui du découvreur masculin.

Pourquoi est-ce important d’accorder la reconnaissance nécessaire à chacune ?

Tout simplement pour mettre fin à ces clichés sexistes ! Non les femmes ne sont pas moins intelligentes que les hommes, même dans les domaines scientifiques !

Il serait plus facile pour une jeune fille de se construire si elle avait pour exemple dans ses manuels scolaires, des femmes scientifiques.

Pour illustrer

  • Le plus ancien exemple qui a été retrouvé est celui de Trotula de Salerne, chirurgienne qui a écrit un ouvrage entier sur la gynécologie mais qui n’a jamais été reconnue pour son travail.
  • C’est aussi le cas pour Jeanne Barret, à qui l’essentiels de ses découvertes botaniques ont été attribuées uniquement à son mari.
  • Émilie du Châtelet quant à elle n’a pas été reconnue à sa juste valeur pour avoir traduit du latin en français, le premier livre d’Isaac Newton « Principes Mathématiques de la Philosophie naturelle ». L’histoire ne retiendra d’elle que sa relation avec le philosophe Voltaire.
  • Ou encore Rosalind Franklin qui en 1962 s’est vue effacée de toutes les recherches à propos de la structure en double hélice de l’ADN. Le Prix Nobel sera attribué à trois hommes.

Et la liste est encore longue !

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